#CES 25 – Avant d’être technologique, la révolution est avant-tout démographique
La conférence inaugurale du CES 2025 à Las Vegas, qui se tient cette semaine, a planté le décor. Après des années de transformation numérique marquées par l’essor des smartphones et l’adoption de l’informatique en nuage, nous sommes entrés dans une nouvelle ère où la technologie est au cœur de l’activité quotidienne des entreprises et des particuliers. Les consommateurs et les entreprises attendent de la technologie qu’elle travaille, collabore, coordonne et coopère avec eux. Une sorte de coexistence numérique, notamment désirée par les consommateurs « digital natives ».
L’impact de la Gen Z
Les changements politiques, économiques et socioculturels ont certainement un impact sur l’adoption et l’utilisation des technologies mais c’est le changement générationnel qui est, avant tout, au cœur même de l’évolution de la relation entre l’humanité et la technologie. Cela est dû à la montée en puissance de la génération Z.
Née entre 1997 et 2012, les représentants de cette génération Z constituent la plus grande génération mondiale de tous les temps, soit environ un tiers de la population mondiale. Et il ne s’agit pas seulement du nombre d’individus. En effet, neuf membres de la GenZ sur dix résident en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et en Afrique. Ainsi, lorsque nous observons les technologies émergentes dans les années à venir, nous devons réfléchir à la manière dont les dernières innovations répondent aux besoins et aux préférences de cette masse de personnes, qu’il s’agisse de la connectivité internet, du commerce électronique ou de la logistique. Mise en perspective : la génération Z représente 27 % de la main-d’œuvre économique de l’OCDE, ce qui signifie que son pouvoir financier et culturel s’accroît et qu’elle influencera de plus en plus l’innovation technologique et les habitudes d’achat avec des valeurs qui seront plus forcément celles de l’Occident.
Alors que les Millennials et même la Génération X maîtrisent le numérique grâce à Internet, la Génération Z a grandi avec des téléphones intelligents. Le plus jeune à en avoir eu un avait 11 ans, ce qui a ouvert la voie à une véritable connexion numérique dans leur vie quotidienne. On peut dire qu’ils sont les premiers « digital natives » en tant que tels. Rien d’étonnant à ce que 86 % des membres de la génération Z aux États-Unis affirment que la technologie est essentielle à leur vie.
Impact des taxes trumpiennes sur l’industrie
La Consumer Technology Association (CTA) prévoit des recettes de détail record. L’industrie américaine des technologies grand public a enregistré une croissance de 3,2 % en 2024 pour atteindre, en 2025, 537 milliards de dollars. Cette évolution témoigne de la croissance des dépenses des consommateurs en matériel technologique, en logiciels et en services, selon l’étude du CTA sur l’industrie des technologies grand public aux États-Unis sur un an. Toutefois, la hausse des droits de douane sur les produits technologiques sur le territoire nord-américain pourrait entraîner une baisse de 90 à 143 milliards de dollars des achats des consommateurs étatsuniens. Les achats d’ordinateurs portables et de tablettes pourraient diminuer jusqu’à 68 %, les consoles de jeu baisseraient de près de 50 %, tandis que la consommation de smartphones augmenterait de 37 %. Nous allons donc suivre de près l’évolution de ces chiffres au cours de l’année.
Consommation : comment l’IA a changé les habitudes
En 2024, les marchés de l’IA dans le secteur du commerce de détail et de l’essayage virtuel ont représenté respectivement 7 et 2 milliards de dollars. D’ici la fin de la décennie, ces chiffres devraient passer à 30 et 18 milliards de dollars.
La génération Z est sans doute la première génération véritablement omnicanale, avec 50 % des achats de produits de masse effectués en ligne ou en magasin. Cependant, les jeunes consommateurs sont à l’origine de l’augmentation des solutions d’essai virtuel, comme celles de Snaps et d’AR Technologies, afin de réduire la déception liée aux achats et de favoriser la satisfaction. Ce type de technologie devrait permettre de réduire les taux de retour pour le commerce électronique, qui s’élèvent encore à environ 18 %, contre 10 % pour les retours en magasin.
Selon l’étude « AI Shopping, Awareness, Engagement, and Impact Study » de décembre 2024, 64 % des citoyens américains ont déjà utilisé un outil d’achat par IA. Ces outils, qui permettent de personnaliser le parcours d’achat, génèrent 40 % de revenus supplémentaires. Mais les consommateurs savent-ils au moins ce qu’ils utilisent ? Les progrès rapides de la puissance de calcul et de traitement des données des puces et des capteurs, de sociétés telles que Nvidia, ARM et NXP Semiconductors, débloquent de nouvelles capacités en matière d’IA et d’autres technologies. Cependant, les semi-conducteurs ne peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes que si des outils d’infrastructure logicielle tels qu’Azure ou AWS exploitent pleinement les données pour avoir un impact sur l’entreprise.
Aurons-nous assez d’énergie ?
On ne saurait évoquer le développement d’infrastructures sans parler de sources d’énergie. 40 à 60 % des émissions des centres de données sont dues au refroidissement. Or, le développement de la connectivité des objets grâce à l’IA nous confronte à une réalité : nous n’avons pas assez d’énergie pour toutes les choses que nous voulons faire… et nous ne parlons même pas encore de l’informatique quantique. Cette édition du CES est l’occasion pour bon nombre d’entreprises ou de startups de montrer comment elles comptent résoudre cette question en passant par la production d’énergie alternative. Par exemple, 3M intègre l’énergie solaire au réseau énergétique pour le rendre plus renouvelable, tandis qu’Exeger produit des cellules solaires personnalisées, et SK explore l’hydrogène vert.
Les enjeux économiques sont incalculables. Que l’on pense à l’industrie de l’automobile, à celle du divertissement, à celle de la domotique ou des soins, les besoins en énergie sont énormes. Nous verrons ce qui ressortira du CES 2025.
